LE VENDREDI SAINT MORTEL CHEZ LE PRÉSIDENT DU C.E.
C’est le cas de le dire
« Le Vendredi saint mortel », un jour marqué de
« L’histoire »
de Montréal. Ce Vendredi saint de 1974, le Gros Chat (le Gouvernement du Québec et le Parti Libéral de M. Robert Bourassa) mettait la patte sur la petite souris et la neutralisa. Assoiffé de partager le gâteau avec les amis partisans, le Gros Chat les imposa à M. Drapeau et à la Ville de Montréal. Leur faim l’emporta sur le bon sens. L’erreur qui détruira à jamais ce Parc de Sport et son Toit spectaculaire !
Ce vendredi saint 12 avril 1974, je fus convoqué au bureau du Président du Comité exécutif. Encore une fois, je me rendais à l’Hôtel de Ville sans connaître le but de ma rencontre. J’y étais presqu’à tous les matins. Les surprises ne me surprenaient guère. Notre Président m’accueillit en ces termes :-
« Nous avons décidé de modifier votre chemin d’autorité. Désormais vous relèverez de votre Directeur et nous avons engagé un Ingénieur renommé pour diriger le Projet et pour se dresser devant M. Taillibert. Cet Ingénieur a accepté à la condition de relever du Directeur du Service des Travaux publics. Je vais vous l’introduire, c’est un Ingénieur de grande réputation. »
C’est ainsi que je fis la connaissance de l’Ingénieur qui marquera à jamais ce grand Complexe sportif (en 2010 sa participation n’est pas terminée), et ce, malgré le fait que son entreprise Lavalin et lui n’ont pas réalisé de tels grands Stades parmi leurs nombreuses réalisations un peu partout dans le monde.
Les futurs responsables font leur entrée
Puis, la pilule avalée de travers, la porte s’ouvrit et un groupe d’hommes importants firent
leur entrée dans le bureau du Président. C’est ainsi que je rencontrai les Messieurs
Mandataire-Coordonnateur, Lalonde, Valois, Lamarre, Valois et
Associés, et les Messieurs Gérant des travaux, deux
compagnies réunies, Désourdy/Duranceau et le nouveau Directeur de projet, l’Ingénieur renommé de Lavalin.
Pour M. Drapeau, le choix de la compagnie Charles Duranceau était judicieux puisque cette compagnie maîtrisait la technique de la précontrainte et possédait une très forte équipe de français bien intégrée avec nous et l’Architecte. Tous avaient appris à travailler ensembles, chacun y apportant ses connaissances et les Québécois respectant la longueur d’avance des français dans ce type de construction. Les travaux du Vélodrome progressaient rapidement malgré leur complexe complexité.
Quant à la compagnie Désourdy, son bon nom comme constructeur était déjà connu, plutôt axé sur les grands travaux de route. Leur présence signifiait la fin du consortium Désourdy, Simard-Beaudry, Dumez-Canada qui avait excavé tout le site. Les compagnies Désourdy et Charles Duranceau venaient tout juste de « se marier » un peu avant leur entrée.
En quelques minutes, j’étais devenu un étranger, pendant que les autres festoyaient.
J’ai voulu tout abandonner. Je pensais à cette fameuse équipe technique en pleine
possession de la manière de faire. Je pensais au plan d’autofinancement de M.
Drapeau et à sa perte de contrôle des projets. Le train
venait de dérailler. Québec et le Parti Libéral du Québec avaient eu raison de M. Drapeau. La suite sera catastrophique tant du point de vue financier, que technique et sportif.
Deux changements très lourds de conséquences
1) Mon mandat modifié et M. Taillibert dehors
= Oublions à la manière de M. Drapeau.
2) L’Ingénieur de Lavalin devenait « le nouveau Directeur de projet »
= À la manière de Québec.
Mon mandat modifié et M. Taillibert dehors
= Oublions à la manière de M. Drapeau
Mon mandat modifié
Le glas venait de sonner pour M. Drapeau qui perdait tous les contrôles qu’il avait longuement réfléchis et mis en place de façon à réaliser des Installations sportives payées par les revenus des Jeux. Les règles usuelles d’opération de la Ville mouraient pour la cause de l’urgence à donner les contrats :- abandon des soumissions publiques, contrôles stricts relégués au deuxième rang, apport des Ingénieurs et Directeurs de chantier français mis au rancart, constructions économiques un mythe et non une réalité, leçons apprises par nous tous des maudits français bafouées. Ma Division est chassée du chemin des décisions et M. Taillibert mis sur la ligne de touche.
Vous vous souvenez d’une phrase du début « un loup dans la bergerie ». Eh bien, la meute venait de gagner et … notre Directeur, bien malgré lui, prit la charge des projets du Parc Olympique qu’il ne voulait pas prendre au début, secondé par ce Mandataire-coordonnateur et ce Gérant des travaux, des gens qu’il connaissait bien.
Là , je ne comprenais plus rien. Je connaissais les dessous de la naissance de ces projets et ce n’était guère flatteur pour notre Directeur qui avait toujours été un poids lourd à porter pour les autorités municipales. Il connaissait peu notre Parc olympique et il ne s’y était pas intéressé non plus. Il voyait à ce que nous n’obtenions pas de personnel des autres divisions de notre Service. Que venait-il bien faire dans cette aventure ? … Je l’ai vécu par la suite. Ce nouveau Directeur de projet pouvait obtenir ses approbations … pas toujours appropriées en s’adressant directement à lui, sans passer par nous, responsable de la construction du Parc olympique. Les manques de contrôle qui préoccupaient constamment M. Drapeau débutaient. J’étais un peu assommé par cette annonce meurtrière.
Oublions Ã
la manière de M. Drapeau, « oublions » signifiant la fin, la mort, l’oubli.
Je n’ai rien à écrire de plus.
« La Vraie Histoire » s’en est chargée.
M. Taillibert dehors. Quelle erreur ! … …
… … Qui aura des conséquences néfastes sur la terminaison du projet, sur la facture totale
rocambolesque et sur la construction du Toit Taillibert,
le seul approprié et le plus économique.
L’Architecte Taillibert, le seul à maîtriser cette technique de la précontrainte et de la post
contrainte appliquée aux voussoirs préfabriqués et aux dalles de béton (voiles minces),
en fait
le seul Directeur de projet compétent,
était remplacé par un Ingénieur de bonne renommée, mais non connaisseur des exigences techniques de ces structures. Ce nouveau Directeur échouera dans son rôle de mandataire-coordonnateur et il n’avait pas la connaissance technique pour terminer cette Œuvre telle que conçue.
Lorsque je dis l’Architecte Taillibert dehors,
il faut comprendre ses Architectes et ses Ingénieurs qui façonnent et calculent
ses structures inédites. M. Taillibert eut l’audace de
les concevoir … parce qu’il les savait capables de les construire.
Le Toit du Vélodrome le prouve de façon indéniable.
Pour être économique, il choisit comme matériau de base le béton (précontraint/post contraint ce qui implique béton, acier d’armature et câbles d’acier à la Freyssinet). L’Architecte M. Taillibert avait déjà créé une première dans le domaine de l’architecture et du génie en construisant son Stade du Parc des Princes à Paris de 1970 à 1972. La découpe des consoles en voussoirs donnait naissance à la préfabrication des pièces sur le site même et leurs mises en place faisaient économiser plusieurs jours de travail ce qui concluait à un Stade à très bon marché. La preuve fut faite puisque ce Stade du Parc des Princes n’a coûté que $18 Millions de dollars ($90 Millions de francs français).
Pour réaliser ces exploits d’ingénierie, il fallait posséder toutes les subtilités de la précontrainte et de la post contrainte, technique mise au point par l’ingénieur français Eugène Freyssinet et bien possédée par l’équipe Taillibert dont un élève de M. Eugène Freyssinet, M. Louis Billotey et quelques rares français engagés par l’entreprise Charles Duranceau. Cette équipe « sauveur de nos projets » s’est jointe à ma Division et à nos Ingénieurs TGL pour construire le magnifique Toit du Vélodrome.
J’insiste fortement sur cet aspect technique, car c’est là précisément que reposait toute la réussite de ce Complexe de Sport. Personne d’autres n’avait la capacité de construire l’autre projet « Stade - Mât – Piscines ». Qui a réellement fait les plans et devis et qui a défini la méthode de construction de tous les projets du Parc Olympique où la technique de Freyssinet est utilisée » avant les Jeux de 1976 ? Les maudits Ingénieurs français, ceux-là dont je parle ici.
En d’autres mots, pour qu’il n’y ait pas d’équivoques … …
… … Québec et le Parti Libéral venait de tuer l’autorité et les contrôles de la Ville et de M. Drapeau.
… … Québec et le Parti Libéral venait de confier à des non-connaisseurs cette réalisation.
… … Québec et le Parti Libéral chassait du chantier l’Architecte et son équipe.
… … Québec et le Parti Libéral commençait à assouvir sa faim avec ses firmes partisanes.
Sauf, une chose qu’ils ne savaient pas !
Ces projets allaient donner naissance à une Œuvre d’art et la connaissance pour réaliser cet
Ensemble « Stade – Mât – Piscines – Vélodrome »,
l’Équipe du
Vélodrome, de M. Drapeau l’avait, pas eux.
L’erreur du Gros Chat qui a maté Montréal et M. Drapeau ouvrit la voie aux dépenses injustifiées de la RIO et de Québec et coûta près de $2 Milliards de trop, à nous contribuables Québécois !
« L’Histoire »
démontrera qu’à cette date du 12 avril 1974
naissait la débandade financière, sportive et technique qui fait la honte
des Québécois en 2010, si ce n’est la colère de plusieurs.
Claude Phaneuf, B.A., B.Sc.A.
Un des trois pionniers concepteurs du Parc Olympique et du Stade.
Membre de l'OIQ de 1962 Ã octobre 2006.
Ce 12 juillet 2010