LA CRÉATION DE LA DIVISION DU PARC OLYMPIQUE
Qui sera chargée de la construction du Parc Olympique ?
Tout avait fonctionné comme M Drapeau l’avait souhaité jusqu’en février 1973. Les besoins des Installations du Parc Olympique avaient été arrêtés rapidement. Tous les plans préliminaires de nos bâtiments se complétèrent dans un temps record. Il n’y avait pas d’hésitations et les réponses aux questions soulevées par l’Architecte données rapidement.
Notre prévision budgétaire de $250 Millions trouva preneur à Ottawa et Québec m’avait dit de 35 Ã
40% de coussins inclus. Même La Presse parla d’un confortable
coussin de $40 Millions au budget de construction, allant même jusqu’à ajouter que si tout va bien,
… …, il est fort possible que les Jeux se soldent par un bénéfice. M. Drapeau, M. P M Charbonneau,
M. Taillibert, l’équipe de M. Taillibert et moi étions fiers de notre travail, sans oublier mon petite équipe de la première heure (l’architecte Pierre Ronco, son technologue préféré Ivanhoe Benoit et le regretté architecte Paul-Émile Lapointe).
Pour respecter ses objectifs, M. Drapeau choisit de confier la direction de la construction à son Service des Travaux publics, comme ce fut le cas pour le Métro en 1962. La solution était de créer une Division à caractère temporaire, à l’intérieur du Service et de nommer son Surintendant. Les autorités municipales cherchèrent un ingénieur surintendant dans les divisions existantes, me réservant le poste d’ingénieur en charge des travaux sur le chantier même. Lorsque M. Taillibert rencontra les ingénieurs hauts placés de notre Service en août 1971, l’ingénieur surintendant de la Division des Ponts et Charpentes s’était montré le plus intéressé par la construction du stade du Parc des Princes. Il m’accompagna à Paris en septembre et novembre 1971. Faisant équipe à part, notre plan d’études étant déjà planifié, il se désista rapidement se sentant isolé. Il ne restait encore que moi.
Deux autres problèmes devaient être solutionnés. Notre Directeur avait démontré jusque là une hostilité envers ces projets et il semblait réticent à vouloir coopérer dans leurs réalisations. Messieurs Drapeau et Niding conclurent devant moi, que la solution devait faire en sorte qu’il ne puisse pas intervenir dans nos travaux du Parc olympique.
Le 2ième problème provenait du fait que cette Division aurait dans ses rangs, le Surintendant et l’Architecte. Aucune division existante n’avait les deux fonctions. Légalement, l’Architecte supervise et coordonne le travail des ingénieurs. Le Directeur du Service peut être un fonctionnaire, un architecte ou un ingénieur. L’architecte de ces projets, qui répondaient de M. Taillibert auprès de son Association des Architectes du Québec, devait accepter qu’il n’y ait qu’un seul directeur dans cette Division, ingénieur ou autre, ce qui ne lui plaisait pas.
La Ville m’offre le poste.- Messieurs Drapeau, Niding et Lynch-Stauton, tous membres du Comité exécutif, me rencontrèrent pour m’offrir le poste de « diriger la Division qui serait chargée de la construction du Parc Olympique ». J’hésitai à accepter sur le moment, un peu pris au dépourvu. Je ne m’attendais vraiment pas à une telle question en me rendant à ce dîner. Ma somme de travail dépassait largement tout ce qui s’était déjà fait à la Ville. Et nous n’avions rien commencé sur le site des travaux. Pour compliquer ma décision, des proches me rappelaient souvent que cette somme de travail augmenterait beaucoup. … Je l’ai vécu par la suite.
J’acceptai le poste à la condition expresse … que la Ville augmente mon salaire à cause des nouvelles responsabilités attachées à ce poste et que mes heures travaillées en temps supplémentaire me soient payées selon la norme à la Ville. À cette date de mars 1973, ma semaine de travail avait été de 90 heures en moyenne réparties du lundi au vendredi de 7 heures le matin à minuit le soir, le samedi de 9 heures à 20 heures et le dimanche de 11 heures à 18 heures, en oubliant les heures de nuit, alors que la semaine normale de travail à la Ville était de 33,75 heures, soit 2,67 fois moins. Au nom du Comité exécutif, ils acceptèrent et la Ville pouvait procéder.
Le Conseil de Ville crée la Division du Parc Olympique
Vendredi, le 16 mars 1973, une date mémorable pour moi : « Le début officiel de nos Appels d’offres et enfin les travaux ». Je ne
savais pas ce qui allait se passer à l’exception du fait que nous serions autorisés à lancer l’Appel d’offres de l’excavation du site.
M. Drapeau débutait une autre phase de son astucieux plan « La construction sera faite par nos
services sous notre contrôle ».
À bonne heure le matin, mon Directeur me fit venir à son bureau. Il me dit qu’avant de recommander au Conseil municipal,
il en avise toujours les personnes impliquées. Et il me lit les recommandations que le Conseil municipal approuverait plus tard
dans l’après-midi, à sa séance régulière. Lorsque j’entendis « au traitement annuel qu’il reçoit présentement », je refusai d’être
nommé surintendant. Mon Directeur changea de couleur ! Tout était prévu comme tel pour l’après-midi. Vous ne pouvez pas faire
cela. J’ai répondu que j’avais accepté le poste aux conditions que mon salaire soit révisé à la hausse et que mes heures de temps
supplémentaire me soient payées au taux usuel à la Ville. Il ajouta « Aucun problème », ce sera fait prochainement pour le salaire
et ton TS sera payé comme convenu avec les membres du Comité exécutif. Dans ces conditions, j’ai répondu : « J’accepte et vous pouvez
remettre vos recommandations au Conseil municipal. Ai-je besoin d’ajouter qu’en mai 2010 ni la R.I.O., ni la Ville n’ont payé ces heures
de conception et celles en temps supplémentaire ?
La DPO, Division du Parc Olympique naquit un vendredi après-midi, le 16 mars 1973, alors que le Conseil municipal de Montréal passait
les deux (2) résolutions suivantes, une première pour créer cette Division à caractère temporaire à l’intérieur du Service des Travaux
publics, avec la responsabilité de construire les projets du Parc Olympique, libellé ainsi :-
Sur recommandation du Directeur du Service des travaux publics et vu l’avis du Directeur du personnel, il est
RÉSOLU
« a) de créer, au Service des Travaux publics, la Division du Parc Olympique pour la durée des travaux de construction
et d’aménagement olympiques dans le Parc Maisonneuve et des travaux connexes ;
« b) d’approuver la nomination, pour la période prévue au paragraphe précédent,
1.- en qualité de surintendant de la Division du Parc Olympique, au traitement annuel qu’il reçoit présentement, de M. Claude
Phaneuf, actuellement ingénieur à la Division technique (améliorations locales).
2.- en qualité d’architecte chargé de l’ensemble du projet, au traitement annuel qu’il reçoit présentement, de M.
André Daoust, architecte de la section technique de l’Architecture au Service des Travaux publics.
(Certifié)
Greffier adjoint de la Ville.
J’avais l’autorité du Directeur, même si mon poste en était un de surintendant. Je relevais directement du Comité exécutif et du Secrétaire administratif, contrairement à tous les autres surintendants qui relevait du Directeur. Je signais les rapports de ma Division dans la case marquée « Directeur » et non dans celle marquée « Surintendant ». C’était en quelque sorte « Écarter le Directeur du Service de nos dossiers ». Il gardait cependant la responsabilité des rapports de nomination des ingénieurs ou architectes consultants.
La deuxième résolution autorisait notre Division a lancé l’Appel d’offres de l’excavation de tout le Parc Olympique que nous appelions « L’excavation de masse ».
Claude Phaneuf, B.A., B.Sc.A.
Un des trois pionniers concepteurs du Parc Olympique et du Stade.
Membre de l'OIQ de 1962 Ã octobre 2006.
Mai 2010