Stade Olympique Montréal- LE PRIX À PAYER
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Les coûts du Stade Olympique de Montréal

LE PRIX À PAYER POUR AVOIR CHASSÉ
M. DRAPEAU ET L’ARCHITECTE

Réponse : $ 2 Milliards.

Réflexion.- Lorsqu’une personne est fière de son projet, de sa réalisation et de son coût, quiconque veut en savoir plus s’y retrouve facilement. Ce n’est pas tout à fait le cas pour le dossier des Jeux de 1976. Une grande valse de millions de dollars avec plusieurs partitions mais un seul « chef d’orchestre 85 - 90% du temps » ! Je vous résume les dépenses, … la Vraie Vérité. Même si c’est un peu aride, la Vérité doit se dire.

Avant-propos.- Le COJO annonça un budget équilibré -- suffisamment de revenus de financement $310M pour couvrir les dépenses $310M, dont $250M pour les Installations et $60M pour l’organisation des Jeux, … des Jeux autofinancés comme le disait fréquemment M. Drapeau.

Revenus officiels.- Le rapport officiel du COJO, Livre 1, page 59 faisant état des Revenus et des Dépenses des Jeux Olympiques de 1976 au 30 avril 1977 rapporte des revenus de financement de $430M, soit 38,7% supérieur aux revenus anticipés de $310M. M. Drapeau ne s’est pas trompé.

Dépenses officielles.- Selon le même rapport en page 58, le COJO dépensa $207M pour tenir les Jeux au lieu du $60M annoncé (une augmentation de 3.45) et les installations coûtèrent $1,213 Milliards au lieu de $250M, une augmentation de 4,85 fois les prévisions.

Le Parc Olympique.- Le même rapport en page 58 indique également que « le Parc Olympique, une fois terminé, aura nécessité un investissement de $987 Millions, comprenant son coût à la fin des Jeux $850 Millions plus $137M prévus par la RIO pour l’achèvement des travaux au Parc Olympique » – une dépense totale près du Milliards de dollars.

Cette prévision de $137 Millions paieraient des travaux à effectuer sans pression, avec le temps pour demander des appels d’offres, sans troubles ouvriers, sans date butoir où il faut faire du temps supplémentaire à des taux 1,5, 2 ou 3 fois le taux régulier.

Un fait troublant, pour l’achèvement des travaux du Parc Olympique, la RIO dépensa $1,552 Milliards au lieu du $137 Millions qu’elle avait elle-même prévus, capital et intérêts, une augmentation record de 11,33. … et vogue la galère.

En 2006 lorsque la dette fut remboursée en totalité, le Parc Olympique avait coûté $2,402 Milliards alors que dans le budget de 1972, $183,13 Millions avaient été prévus. Comble de malheur, nous Québécois devrons payer quelques $400 Millions de plus si la RIO continue à s’entêter à faire le Toit d’acier qu’elle nous a annoncé. Il me semble que trop, c’est trop !

33 ans de fausses vérités et de faux responsables.- Pour exécuter cette grande valse des millions dépensés, nous retrouvons deux chefs d’orchestre, Montréal et M. Drapeau et Québec avec sa RIO.

Montréal et M. Drapeau

Les prévisions annoncées pour les Installations -- $250 Millions --, incluant des coussins de $40 Millions. Ces $250 Millions pouvaient être 38,7% plus élevés soit $350 Millions, parce que les revenus de financement ont rapporté 38,7% de plus que prévu.

Nous de la Division du Parc Olympique suivions scrupuleusement l’évolution de nos dépenses à mesure de l’avancement des travaux. Jusqu’en mars 1974, nous étions à l’intérieur de notre prévision. En juin 1974, nous révisions notre coût total à $315,6 Millions et en octobre 1974 à $347,6 Millions.

Québec impose ses gens

Le geste qui fut posé un certain vendredi saint d’avril 1974 n’a pas beaucoup été souligné. Tout compte fait, réfléchissons à ceci :-

« Lorsque le Gouvernement du Québec impose à M. Drapeau un Mandataire-coordonnateur (LVLV-Lavalin) qui a pour mandat :-
  • De coordonner, pour le compte de la Ville, le travail du Gérant des travaux et des autres entrepreneurs ;

  • Et de rendre les services suivants :-

    a) La programmation et le contrôle de l’avancement des travaux ;

    b) La révision des prévisions budgétaires ;

    c) La relance des plans et devis de génie et d’architecture pour respecter les échéanciers ;

    d) Le service d’octroi des contrats, la préparation des cahiers des charges, les appels d’offres et la négociation ;

    e) Le contrôle des coûts par rapport aux prévisions budgétaires et la facturation ;

    f) Le service de l’approvisionnement en matériel et en équipements ;

« Lorsque le Gouvernement du Québec impose à M. Drapeau un Gérant des travaux (Désourdy-Duranceau) qui a un mandat global :-
  • De réaliser et gérer sur le site tous les travaux dont un fort pourcentage sont des travaux du gros Å“uvre ;

  • D’assumer la planification, la coordination et la direction générale pour le reste des travaux de structure, ainsi que pour les travaux des entrepreneurs spécialisés ;

  • Et de voir à ce que les travaux et les Installations du Parc Olympique soient complétés à temps pour les Jeux, »

Qu’est-ce que Québec ne contrôle pas ? Rien. Québec contrôle tout et Montréal et M. Drapeau peuvent aller dormir.

Dix-neuf mois plus tard en novembre 1975, les « imposés » ont failli. M. Drapeau ne peut accepter que les Jeux soient annulés. Il retourne voir M. Bourassa et lui demande de prendre charge du dossier parce qu’il n’y a que lui qui peut diriger ses propres gens et régler les relations de travail qui sont de responsabilité provinciale. Constatant les Jeux en danger, le Gouvernement de M. Bourassa créa sa RIO pour mettre au pas ceux qui dirigeaient déjà depuis les 19 derniers mois. La RIO ment sur les vraies raisons de sa création, cliquez ici pour voir ce texte.

La descente aux enfers

Jusqu’en mars 1974, Montréal avait dépensé bien peu. La grande valse des coûts incontrôlés commencent avec l’arrivée de ces experts et avec la RIO en 1975. Des prévisions budgétaires gonflées de $320 Millions à $577 Millions desquels ma division force l’enlèvement de $60 Millions à cause d’erreurs évidentes. Une RIO qui élève le coût à $816,3 Millions en décembre 1975 et une autre fois en mars 1976 à $987,2 Millions. Pire encore, dans ce montant, tu as inclus les $137 Millions prévus par la RIO pour parachever le Parc Olympique, mais la RIO en dépensera non pas $137 mais $1,552 Millions, oui $1.55 Milliards !!! Du vrai voltige.

Une telle performance questionnable de ce chef d’orchestre « Québec et sa RIO » exige une très grande habilité pour s’en tirer … sur le dos de Montréal et de M. Drapeau.

Ayant fait la première prévision de $250 Millions, l’ayant suivi et ayant étudié les prévisions établies par ceux qui ont suivi, à l’aide de mes notes je vous présente un tableau.

Un tableau révélateur

Pour aider à mieux visualiser les variations des prévisions budgétaires et des dépenses avec dates et événements percutants en regard de ces dates, j’ai préparé un Tableau que vous pouvez voir en cliquant ici.

Avant de commenter ces données, je me dois de fournir plus de détails sur le budget du Mandataire-coordonnateur et sur la réunion qui fut tenue à mon bureau le 7 juillet 1975 avec M. Drapeau, M. Bernard Morris de ce Mandataire et moi-même au sujet du coût total du Parc Olympique.

Pour voir la note 1 au sujet du budget du Mandataire, cliquez ici.

Pour voir la note 2 au sujet de la réunion du 7 juillet 1975, cliquez ici.

Dans ce chapitre, vous trouverez des textes sur -- l’établissement de nos prévisions de $250 Millions -- sur ce qu’en ont dit Ottawa, Québec et un journaliste du journal La Presse – le budget du Mandataire – des rapports mensuels truqués – le coût total 2009 et les facteurs d’augmentation – le tabac, déficit ou profit – que conclure sur les coûts.

D’un seul trait, je résumerais les coûts comme suit :- Lors de sa demande en 1970 pour l’obtention des Jeux de 1976, Montréal prévoit dépenser $120 Millions pour les Installations. En 1972, Montréal révèle son budget des Installations -- $250 Millions -- à partir des plans détaillés. L’expérience d’Expo 67 permettait de prévoir des revenus plus importants. Des contrôles réguliers par ma Division concluaient des prévisions de $250 Millions en mars 1974 (le budget tenait encore), de $315.6 Millions en juin 1974, de $347,6 Millions en octobre 1974. Arrive le Mandataire en juin 1974. En fin 1974, il annonce à notre insu un premier budget trop élevé aux gens de Québec tout juste avant la Commission parlementaire de janvier 1975. Il doit réviser son budget à la baisse non pas de $105 Millions comme cela aurait dû être, mais $60 Millions pour ne pas perdre la face. Le 7 juillet 1975, M. Drapeau, M. Morris et moi établissons un coût total de $479 Millions, gonflé à $520 Millions pour tenir compte des accélérations de dernière minute. À la fin de l’été 1975, le Mandataire-coordonnateur annonce un budget de $577 Millions. La RIO prend le dossier le 20 novembre 1975 et dès décembre 1975 annonce un coût total de $816,3 Millions qui sera révisé en mars 1976 à $987,3 Millions. Le rapport du COJO indique un coût total de $987,2 Millions pour le Parc Olympique incluant $137 Millions pour terminer. En 2006, lorsque la dette aura été remboursée, la RIO aura réussi l’exploit d’avoir dépensé $2,402 Milliards ! … Une record toute catégorie.

Que s'est-il passé entre août 1975 et juillet 1976 pour que les coûts augmentent de $452,2 millions, passant de $520 à $972,2 millions ? 87% d’augmentation, presque le double en si peu de temps, alors que la majorité des contrats étaient octroyés.

Et le président de la RIO affirmait en commission parlementaire à Québec que la paix et la productivité étaient revenues au chantier et que les ouvriers avaient retrouvé le sourire. À quel prix ? La Commission Malouf n’a pas trouvé la réponse. … Était-ce le prix à payer pour avoir la paix et la productivité sur le chantier, un refrain d’actualité au Québec au moment où j’écris ces lignes en 2010 ? Un couplet à ajouter, les dirigeants savaient ce qui se passait sur le chantier.

Voilà la performance financière de la RIO en dépensant l’argent des autres.

Et Montréal, et M. Drapeau qui y furent pour si peu !

Claude Phaneuf, B.A., B.Sc.A.
Un des trois pionniers concepteurs du Parc Olympique et du Stade.
Membre de l'OIQ de 1962 à octobre 2006.
Mai 2010




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