Stade Olympique Montral - Le dernier toit Stade Olympique Montral - Le dernier toit Stade Olympique Montral - Le dernier toit Stade Olympique Montral - La Corruption Professionnelle
Le Stade Olympique de Montréal Le projet du Maire Jean Drapeau, le Parc Olympique de Montréal Le Stade Olympique de Montréal Le toit du Stade Olympique de Montréal Le Vélodrome de Montréal Les coûts du Stade Olympique de Montréal La construction du Stade Olympique de Montréal Les prouesses de génie à Montréal
Le Stade Olympique de Montréal
Plusieurs autres textes
sont à venir

L’ENGAGEMENT DE M. TAILLIBERT
M. TAILLIBERT À MONTRÉAL
M. TAILLIBERT À SA PREMIÈRE PARTIE DE BASEBALL

Nous étions à la fin de juillet 1971. Tout juste revenu de mes voyages aux États-Unis et au Mexique, je retournai à mon travail normal pour coordonner les travaux que nos Divisions du Service des Travaux publics effectuaient à Terre des hommes. À chaque année, notre Service réparait, rénovait et construisait de nouveaux projets aux bâtiments de Terre des hommes. C’était mon travail de jour payé par la Ville.

Mon travail sur les projets olympiques s’effectuait les soirs, les nuits et les fins de semaine, non payé puisqu’il n’y avait pas d’argent de voter pour ces projets. Les premiers crédits furent votés en 1973. L’entente avec la Ville et M. Drapeau était simple. Je notais mes heures travaillées et lorsque l’argent serait disponible, la Ville me paierait.

Tranquillement, je réfléchissais aux nombreuses notes recueillies lors de mes visites des stades américains. Je recommençai un autre projet (mon 1er étant celui de juin 1971), en y ajoutant des détails importants. Je voulais résolument que notre Stade soit le meilleur de tous les stades visités et que les gens soient près de l’action comme au Stade Jarry. Je pensais continuellement à le perfectionner. J’avais toujours mes plans avec moi pour pouvoir y référer en tout temps.

Une rencontre déterminante

Un jour de cette fin juillet 1971, je rencontrai tout à fait par hasard M. Drapeau en face d’un pavillon sur le site d’Expo 67. Nos autos se sont croisées. J’arrêtai immédiatement et je débarquai. C’était la 1ère fois que je lui parlais depuis ma visite du stade de Philadelphie. M. Drapeau avait hâte de m’entendre sur mes nombreuses visites d’installations sportives à grande capacité. Il me posa deux questions.

1ère question.- « Vous avez visité des stades américains, mexicains, d’autres en Europe, à Munich et à Paris. Que pensez-vous de tous ces stades, j’oserais dire que vous connaissez maintenant par cœur, je crois ? Quelle est votre conclusion d’ingénieur et d’ancien joueur de baseball ? » Bang, la balle venait de passer dans mon camp.

Un rappel avant ma réponse

Aux États-Unis, j’avais vu des stades simplistes, circulaires, faits d’acier avec des rangées de colonnes aux 25 à 30 pieds, pleins d’erreurs de conception qui faisaient perdre des sièges ou réduisaient la visibilité des spectateurs. J’avais aussi découvert des facilités intérieures bien localisées pour les spectateurs, qui généraient des revenus importants (Restaurants, Casse-croûtes, Loges privées dites corporatives, Club privé VIP, Kiosques de souvenirs, etc.), bref, une opération intérieure à retenir. Seul le stade de Houston avait un toit fixe.

À Mexico et à Munich, j’avais vu des stades immenses, trop grands pour nous, sans siège avec dossier, axés sur le soccer, mais avec toutes les facilités pour y tenir des Jeux Olympiques.

C’était important de ne construire que l’essentiel et de prévoir l’utilisation des pièces pour l’Après-Jeux. Il fallait un Stade au plus bas coût possible, en utilisant des dimensions justes, pas plus grandes que nécessaires, ce qui n’était pas le cas dans certains stades américains.

À Paris, la structure inédite du Parc des Princes et cette ligne française d’une qualité architecturale unique m’avaient frappé avec ses 54 consoles (nous en avons 34 au Stade plus 4 petites fixées au Mât). J’avais noté aussi son toit en pentes variables pour assurer l’écoulement des eaux dans des tuyaux cachés à l’intérieur des consoles, toit qui couvre tous les spectateurs. J’ai marché dans les consoles et son anneau technique qui abrite les grosses lampes d’éclairage. Tous les conduits étaient enfouis dans les planchers ou plafonds ; rien n’était apparent. L’utilisation du béton plutôt que l’acier des stades américains, la préfabrication des pièces en béton et un chantier bien organisé en faisaient un stade peu coûteux de $17 à $18 Millions pour 50 000 places assises et 54 consoles !!!

Ma réponse.- Ma réponse fut simple et sincère. Lors de Jeux Olympiques, la Ville Hôtesse construit la plupart du temps des Installations qui sortent de l’ordinaire. Pour moi, Montréal devrait choisir la conception d’un Stade avec une ligne française, tel le Parc des Princes, quant à sa structure autoportante et son enveloppe pour le fermer des intempéries de l’hiver, mais un contenu intérieur nord-américain pour un grand confort et une plus grande rentabilité.

2ième question.- M. Drapeau ajouta : « Si je donne suite à votre recommandation, la Ville de Montréal devrait engager l’Architecte Taillibert. Êtes-vous prêt à recommander son engagement ? Je réponds : « Oui, avec grand plaisir, ce serait un honneur pour moi de recommander un Architecte d’une telle valeur, mais à deux (2) conditions ».

La première quant à la faisabilité d’un Stade à la « Taillibert » : J’ajoute : « Que M. Taillibert vienne à Montréal expliquer en détails aux ingénieurs de notre Service des Travaux publics la technique de construction de son Stade pour que nos ingénieurs expérimentés du service se prononcent sur la faisabilité du Parc des Princes ici à Montréal, avec nos matériaux, nos équipements de levage et nos ouvriers. Vous avez confiance en nos ingénieurs, ils pourront vous conseiller adéquatement sur cette faisabilité. »

La deuxième condition relative à son coût de construction : « Que M. Taillibert explique le coût de son Parc des Princes pour que nos ingénieurs se prononcent en pleine connaissance de cause sur ce qu’aurait coûté ce Stade de Paris s’il avait été construit à Montréal par nos ouvriers et avec nos équipements. »

Nous avons parlé longtemps des stades, des techniques de construction, des différences entre un stade en acier ou en béton, de l’avantage de la technique de préfabrication des pièces du Parc des Princes qui permet de réduire les coûts de façon remarquable. M. Drapeau n’était plus Maire, il s’était transformé en technicien. Avant de nous laisser, il ajouta : « Continuez votre bon travail et surtout ne lâchez pas. »

Août 1971, M. Taillibert vient à Montréal

M. Drapeau retient mes deux conditions quant à l’engagement de M. Taillibert. Quelques jours plus tard en début d’août 1971, il vient à Montréal pour expliquer à nos ingénieurs surintendants, directeurs-adjoints et à notre directeur son Parc des Princes et sa technique française, afin qu’ils concluent si nous étions capables de le construire ici à Montréal avec nos ouvriers et nos équipements, et combien il aurait coûté.

L’architecte Taillibert au Service des Travaux publics

Le Stade du Parc des Princes à Paris
Le Stade du Parc des Princes à Paris
Cliquez sur la photo pour agrandir

Le 4 août 1971, l’architecte français fait une présentation de son stade à une dizaine d’ingénieurs de notre Service. Techniques de construction, appareils de levage, préfabrication sur le site des travaux mêmes, organisation du chantier, main d’œuvre, coûts, etc. étaient à l’ordre du jour. Questions, réponses, tout allait rondement. M. Taillibert fournit beaucoup de détails sur la structure de son projet et cette technique de construction mise au point par l’ingénieur français Eugène Freyssinet, et sur l’économie à réaliser avec la préfabrication de pièces.

Notre Directeur rassemble les conclusions des ingénieurs présents et fait rapport à M. le Maire. La réponse à mes deux questions est là sans équivoque.

Question 1.- Est-ce qu’ici à Montréal, avec notre main d’œuvre et nos appareils de levage, nous aurions pu construire le Parc des Princes ? (notre Stade Olympique est fait sur le même principe)

La réponse est « oui » et notre Directeur ajoute que ce serait plus facile et plus économique puisque notre main d’œuvre est plus expérimentée et que nos appareils de levage sont de beaucoup supérieurs à ceux utilisés en France à ce moment là. Les morceaux peuvent être plus gros, donc moins de morceaux et le coût plus bas.

Question 2.- Qu’aurait coûté le Parc-des-Princes s’il avait été construit à Montréal ? Construit à Paris, le coût anticipé au mois d’août 1971 se situait à 87 millions de francs français ou $17,5 Millions, qui finalement s’est soldé à 90 millions de francs français ou $18 Millions.

Nos ingénieurs conclurent que ce Stade de Paris construit à Montréal aurait coûté entre 25 et 28% plus élevé qu’en France pour tenir compte des charges sociales qui en 1971 étaient de l’ordre de 68% là-bas plutôt que 15% ici. Donc, le Parc des Princes aurait coûté $23 Millions.

Eh oui ! $23 Millions pour un Stade pouvant accueillir 50 000 places assises, avec une toiture recouvrant tous les spectateurs.

Le Parc des Princes fut inauguré officiellement par le Président de la République, M. Georges Pompidou, le 4 juin 1972. Lignes merveilleuses, jeux de toit savants en pente pour l’écoulement des eaux de ruissellement où elles sont captées dans les coins près de l’anneau technique à l’intérieur des consoles, toiture au-dessus des spectateurs, structure porteuse en béton précontraint et post-contraint, coût très économique.

Avant d’engager M. Taillibert, M. Drapeau a vérifié si nous pouvions maîtriser cette technique de construction et son coût. Nous pouvions le faire et nous avions les moyens de nous le payer.

Le Parc des Princes lors de sa construction

Vue intérieure

Vue intérieure
Cliquez sur la photo pour agrandir
Durant les travaux
Durant les travaux
Cliquez sur la photo pour agrandir
Durant les travaux
Cliquez sur la photo pour agrandir
Durant les travaux
Cliquez sur la photo pour agrandir

Je promène M. Taillibert dans la Ville

Vu mon implication depuis plusieurs mois, M. Drapeau me demande un bon dimanche d’amener M. Taillibert visiter des endroits bien identifiés. C’est ainsi que nous nous sommes rendus 1) Au Stade Mc Gill où jouaient nos Alouettes de la Ligue Canadienne de Football ; 2) Au Stade Jarry où nos Expos évoluaient à ciel ouvert alors que le baseball ne se joue pas sous la pluie ; et enfin 3) Au Parc Olympique, au coin des rues Pie IX et Sherbrooke, site des principales Installations que nous prévoyions construire pour les Jeux de 1976.

Puisque la présentation faite par M. Taillibert aux ingénieurs de notre Service avait été concluante, ces visites devenaient plus que nécessaires. Tôt ou tard, M. Taillibert allait en avoir besoin.

Le Stade McGill.- Notre premier arrêt fut au Stade McGill, sur un site enchanteur, au pied de la montagne et très près du centre-ville. Le terrain ne peut servir que pour le football et le soccer, certes pas pour le baseball et les spectateurs sont près de l’action. Deux rues bordent ce site, au sud et à l’est, rendant difficile son accès pour de grosses foules (30 à 40 000 personnes).

Le Stade Jarry.- Le Stade du Parc Jarry suit en deuxième avec ses stationnements au nord du Stade, près de la rue Jarry. La Ville avait déjà pris l’engagement de construire un Stade digne des Ligues majeures pour remplacer ce petit stade à caractère temporaire et sans toit, ni protection contre les vents qui soufflaient de tous les côtés.

Le Parc Olympique.- Le clou de nos visites est bien sûr le Parc Olympique. M. Taillibert me semble impatient de fouler le sol de ce Parc. Nous parcourons à pied tout le Parc. Le site est particulier et en milieu urbain, borné par des rues du type boulevard, donc avec de belles possibilités. Une dénivellation de quelques 60 pieds entre le niveau de la rue Sherbrooke et celui de l’ancienne rue Boyce, maintenant rebaptisée Pierre de Coubertin nous fournit de nombreuses options de conception et de circulations piétonnières et automobiles. Deux (2) stations de métro allaient être construites à la partie sud, aux deux extrémités du terrain, l’une à l’ouest, “ la Station Pie IX ” et l’autre à l’est, “ la Station Viau ”.

J’explique à M. Taillibert ce qui était en projet, puisque j’avais déjà soumis à la Ville de Montréal deux projets complets de stades et un croquis d’un plan d’ensemble, sans mentionner où j’en étais rendu. Nous discutons du terrain, du sous-sol et de l’implantation possible des bâtiments. Nous faisons le tour du Parc en auto à plusieurs reprises pour voir la vue de tous les côtés.

Je gardais pour le dessert la visite de notre fameux Jardin Botanique, mondialement connu. M. Taillibert l’avait déjà visité lorsqu’il est venu à l’Expo 67. Il n’était pas encore question du Village olympique, ni du Mât, ni d’un passage souterrain pour relier le Parc Olympique au Jardin Botanique.

L’Architecte Taillibert assiste à sa 1ère partie de baseball le 3 août 1971

Je le dis à la blague et sans méchanceté. La Vraie Vérité étant ce qu’elle est, je vous raconte. Nos Expos, le principal utilisateur de notre Stade après les Jeux jouent 82 parties par année d’avril à fin septembre. La conception doit donc être faite en premier pour le plus grand utilisateur, tout en prévoyant ce qui est nécessaire pour y tenir les Jeux olympiques et jouer au football canadien. Mes critères de conception étaient basés sur ces prémices, mais M. Taillibert ignore mon travail jusque là et il n’a jamais assisté à une partie de baseball.

Il fallait que M. Taillibert assiste à une partie de baseball, parce qu’en France, les spectateurs à une partie de soccer sont assis sur le bout des fesses toute la demie et se lève à la mi-temps (les toilettes ne peuvent fournir !), alors qu’au baseball, le même spectateur s’écrase au fond de son siège en attendant, peanuts à la main, le prochain lancer. C’est un va et vient continuel entre chaque manche. Ajoutons qu’un ballon est plus facile à voir qu’une petite balle blanche.

C’est ainsi qu’à la demande de M. Drapeau et avec la complicité de mes bons amis, les Frères Paul et Charlemagne Beaudry, copropriétaires des Expos, j’amène M. Taillibert au Stade Jarry. C’est différent du soccer (qu’il connait bien) où il faut être à une bonne distance, si vous voulez apprécier le jeu d’ensemble. Proche, vous ne voyez rien. Tout au contraire, plus vous êtes proche de l’action au baseball, plus vous appréciez les stratégies et les signaux des entraîneurs. Nous sommes dans la deuxième rangée, tout juste à côté de l’abri des joueurs des Expos et derrière M. Charles Bronfman, le grand manitou des Expos, certes les meilleures places.

Je m’empresse d’expliquer les règles du jeu. Il suit la partie avec intérêt. Je dois croire que je n’étais pas assez rapide dans mes explications. Car, à un moment donné, il me dit « qu’il comprenait qu’un frappeur gaucher après son coup de bâton courait vers le 1er but, mais qu’il ne comprenait pas pourquoi un frappeur droitier ne courait pas vers le 3ième but ». Ceci dit sans malice, cette partie demeure mémorable pour moi et Messieurs Beaudry.

Un jour ou deux après, M. Taillibert retourne à Paris.

Montréal et M. Drapeau avait raison de choisir l’Architecte Taillibert, spécialiste en Équipements sportifs qui gagnait tous les concours en France avec ses œuvres spectaculaires et économiques.

Claude Phaneuf, B.A., B.Sc.A.
Un des trois pionniers concepteurs du Parc Olympique et du Stade.
Membre de l'OIQ de 1962 à octobre 2006.
Mai 2010




Claude Phaneuf sur Facebook Claude Phaneuf



Pour m'adresser une question ou un commentaire, écrivez à info@stadeolympiquemontreal.ca

Pour se procurer le dernier livre de M. Taillibert "Stade olympique de Montréal, mythes et scandales", suivre le lien suivant :
http://www.renaud-bray.com/Livres_Produit.aspx?id=1159386

Toute reproduction totale ou partielle du contenu de ce site, sans autorisation, est formellement interdite.
©Claude Phaneuf 2018

Optimisation de site web par AdMovendo