Stade Olympique Montréal- LA COMMISSION MALOUF, BOUÉE DE SAUVETAGE
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Les coûts du Stade Olympique de Montréal

LA COMMISSION MALOUF, BOUÉE DE SAUVETAGE

Dans sa recherche pour comprendre les péripéties des constructions du Parc Olympique et de leurs coûts faramineux, le Parti Québécois vit une occasion de se faire du capital politique. Une enquête blâmerait sans doute le Parti Libéral, tout au moins elle ferait la lumière sur ce qui avait fait grimper la facture olympique à de tels coûts alors que le Parti Québécois n’était pas là. Ce ne fut pas le cas.

En début 1977, Louis Bernard, ancien élève du Collège Sainte-Marie, rue Bleury à Montréal, tout comme moi, était le chef de cabinet du Premier Ministre René Lévesque. Ce n’était certainement pas un type mis en place par le Parti Libéral qui allait leur dire la vérité sur le dossier olympique alors que ce parti en avait été le principal acteur. À la recherche de la vérité, M. Bernard me demanda de le rencontrer à son bureau de Québec, pour que je lui explique plus abondamment les péripéties du dossier olympique à titre d’homme de confiance de M. Drapeau depuis le premier jour. Selon les faits réels non déformés, c’était clair que le Parti Libéral allait être blâmé.

À peu près au même moment, le 17 janvier 1977, Claude Charron, Ministre des Sports et Loisirs à Québec, créa le Comité des vocations du Stade, comme si nous n’avions pas prévu l’Après-Jeux. Pourtant, cela fut une préoccupation constante pour nous, qui s’était traduite par une qualité de projets reconnue à plusieurs reprises au cours des années.

Dès mars 1977, le PQ ordonna la vérification de certains dossiers douteux. Des irrégularités furent trouvées. Peu après, j’appris comme tout le monde que le Gouvernement du Parti Québécois avait créé la Commission d’enquête Malouf sur le coût des Jeux de la XXIe Olympiade le 13 juillet 1977.

Quelques mois avant le début des audiences publiques, M. Robert Bourassa s’étant retiré en Europe, le Parti Libéral se choisit un nouveau chef, M. Claude Ryan du Devoir. Une particularité que je connais personnellement de la course au leadership : « Il fallait qu’aucun membre de l’équipe Bourassa ne soit candidat » parce que les stratèges du Parti prévoyaient que les Libéraux allaient être blâmés dans l’enquête du Juge Malouf.

La Presse – 6 juin 1980
La Presse – 6 juin 1980
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Les audiences publiques eurent lieu en 1978-1979 après une pré-enquête à huit clos. Le rapport officiel de la Commission fut rendu public en début juin 1980 au grand désappointement du Parti Québécois parce que le Parti Libéral n’avait pas été blâmé autant qu’il l’eut cru. M. Lévesque s’indigna qu’une grande partie de la preuve n’ait pas été retenue. Les journaux du 6 juin 1980 rapportèrent sa surprise à l’effet que le Gouvernement de M. Bourassa soit exonéré (La Presse – Journal de Montréal – Le Devoir). La Presse – 6 juin 1980.

Une audience enrubannée de fil blanc

La Commission Malouf fut une audience incomplète quant à moi. Qui suis-je pour faire une telle affirmation ? La même personne que le journaliste Jean-Paul Soulié de La Presse écrivait dans son article du 15 avril 1987 : « L’ingénieur Claude Phaneuf, personnage clé de l’enquête Malouf où il était pratiquement le seul à avoir envie de parler ».

Avec les millions de dollars qu’elle a dépensés, la Commission Malouf a identifié des causes de l’augmentation des coûts. Mais, elle est passée à côté des raisons véritables et des vrais coupables. Je pourrais monter ici un long exposé sur cette Commission. J’aurais pu vous indiquer les experts utilisés qui ne pouvaient pas blâmer ceux avec qui ils recevaient sur des contrats. J’aurais pu vous préciser les vrais coupables de ces centaines de millions de dollars dépensés pour rien, avec des gens complaisants. Non, je n’irai pas dans tous les détails. Je n’ai aucun compte à régler, je ne veux que me limiter à la Vraie Vérité. Je me contenterai de vous résumer cette Commission dans quelques mots.

Avant les audiences publiques

Avant de débuter leurs audiences publiques, la Commission remonta la filière en questionnant les derniers arrivés. Un questionnaire type avait été établi et chacun répondait selon ses connaissances du dossier. C’est ainsi qu’en dernier, puisque j’avais été le premier impliqué, mon tour vint.

Un bon vendredi après-midi, les Commissaires me firent venir pour connaître ma version des faits. Une bonne trentaine de personnes assistaient à mon témoignage hors cour. Le Juge Malouf débuta comme suit : « Depuis quelque temps, nous remontons la filière à partir des derniers au dossier. D’un à l’autre, notre connaissance s’enrichit des témoignages entendus. Dans 80% des cas, les personnes questionnées finissent par nous répondre - Je n’étais pas là-, demandez à M. Phaneuf, il connaît le dossier. Eh bien ! Aujourd’hui, M. Phaneuf est là devant nous. Au lieu de vous poser les questions d’usage, nous vous écouterons. Les questions seront pour après, si c’est nécessaire. Racontez-nous en vos mots votre histoire du dossier olympique ».

Et vlan, le chronomètre était parti pour moi, sans préparation et sans papier, de trois à six ans après les faits.

Mon début les dérouta quelque peu. Je les abordai ainsi en me tournant pour écrire sur le grand tableau derrière moi : « Avant de commencer cette histoire, mon aventure personnelle, je voudrais vous révéler les conclusions de votre enquête si la vérité est faite ». Et je donnai mes conclusions de leur enquête avant qu’elle ne fut débutée. Je parlai des coûts, des dépassements, du projet le plus compliqué et de son coût par rapport aux autres projets plus faciles ou traditionnels du Parc Olympique, de la mise hors dossier de Montréal et de M. Taillibert, des troubles ouvriers, des vols, des absents payés quand même, des contrats « à temps plus matériel ou dit à cost plus », des contrats trafiqués pour payer des extra, du vandalisme, des contrôles inexistants, des quelques $450 Millions payés en surplus entre les mois de novembre 1975 et juin 1976 que je ne parvenais à m’expliquer et qui avaient fait basculer le dossier.

Je pensais qu’une telle Commission aurait trouvé les justificatifs des coûts exorbitants. J’insistai sur la période, les dates où ces faits s’étaient produits. Pour être certain d’être bien compris et bien rapporté, je fis des tableaux comparatifs des coûts prévus et réels. En terminant, je n’effaçai pas ces tableaux pour que tous les prennent en notes et s’en souviennent le moment venu.

Mon résumé de l’enquête publique

Nous étions trois (3) à lancer le dossier des constructions olympiques pour et au nom de la Ville de Montréal, de son Conseil de Ville et de son Comité exécutif, M. Jean Drapeau le chef, M. Roger Taillibert l’architecte et moi l’ingénieur, le programmeur.

Au début, M. Drapeau et moi avons témoigné. Un grand nombre de millionnaires des constructions et d’experts, protecteurs les uns des autres à une exception près, ont suivi et M. Taillibert est venu fermer la marche.

M. Taillibert aurait pu ne pas témoigner puisque la Commission n’avait pas le pouvoir d’assigner des témoins hors de la Province de Québec. Il s’est présenté de lui-même, à ses frais, contrairement à d’autres qui ont pris les moyens pour ne pas témoigner.

La Vraie Conclusion de l’enquête Malouf

La Commission a identifié des causes d’augmentation, telles que vandalismes, vols, ouvriers absents et payés. Mais elle n’a pas cité les vrais coupables et je m’explique.

J’ai voulu assister au témoignage de M. Taillibert. Je me suis rendu dans la salle des audiences et je me suis assis dans la dernière rangée, à côté de Me Jacques Dagenais, un des procureurs de la Commission qui m’avait questionné en début de procès. Nous étions là à écouter M. Taillibert.

Dès qu’il affirmait quelque chose incriminant quelqu’un, une personne se levait et allait porter une note écrite à une autre. Sur réception, celle-ci ajoutait son commentaire et se rendait porter l’écrit à une autre. C’était le va et vient continuel puisque M. Taillibert visait juste dans ses propos. Il en avait long à dire vu sa connaissance privilégiée du dossier et des dépassements des coûts.

À un moment donné en me levant pour une pose, je saisis le bras de Me Dagenais et je lui demandai : « C’est cela, votre sérieuse Commission d’enquête ? Vous voyez un M. Taillibert qui vient d’Europe à ses frais vous dire de son propre chef les vraies raisons des coûts élevés. Les vrais responsables, vous les connaissez, ils sont là devant nous. Ils se lèvent et ils se préparent à se défendre les uns les autres, en s’échangeant des notes. Lorsque vous êtes en avant à questionner vos témoins, vous ne voyez pas ce qui se passe dans la salle ».

Et Me Dagenais de me répondre : « Nous le savons, nous les connaissons, mais nous ne pouvons pas mettre en preuve les vrais raisons puisque ces personnes refusent de témoigner ou s’ils acceptent ne se souviennent. Ils ont des contrats du Gouvernement ».

Que puis-je ajouter de plus sur les conclusions discutables de la Commission Malouf, sinon que je comprends la réaction du Parti Québécois lorsque le rapport fut publié en juin 1980 où le Gouvernement de M. Bourassa, le Parti Libéral était exonéré ?

Je n’aurais pas écrit ces propos au sujet du rapport de la Commission si les Juges avaient qualifié leurs conclusions en écrivant dès le début « Voici nos conclusions à partir de la preuve présentée devant nous, sachant qu’une bonne quantité de preuves n’a pu être déposée, ce qui aurait modifié nos conclusions ».

Mais elle ne l’a pas écrit.

Claude Phaneuf, B.A., B.Sc.A.
Un des trois pionniers concepteurs du Parc Olympique et du Stade.
Membre de l'OIQ de 1962 à octobre 2006.
Mai 2010




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